PUY-DE-DÔME | SAINT-SATURNIN | A.V.A.P. | Diagnostic | Octobre 2016
13
LE SITE DE SAINT-SATURNIN
HISTOIRE ET EVOLUTION DE LA COMMUNE
I.2.3 - La vie à Saint-Saturnin à la fin du XIX° siècle
Il semble important de compléter le précédent historique par un portrait de la vie
d’un habitant de la commune au XIX° siècle, même si celui-ci est nécessairement
partiel. C’est en effet à travers ce descriptif de la vie quotidienne que l’on mesure
pleinement la valeur d’usage de certains éléments : pailhas, granges, fours à pains,
lavoirs, moulins, et, par extension, de leur valeur patrimoniale particulière.
Polyculture de subsistance
Saint-Saturnin est une commune essentiellement agricole. On y pratique activement
la polyculture (céréales et légumineuses), qui, couplée à un élevage de subsistance,
permet une semi-autarcie des familles. La volaille, les lapins, le cochon domestique
sont des espèces répandues au sein de tous les foyers ; on leur adjoint des vaches
qui aideront aux travaux des champs et donneront du lait. Les foyers les plus aisés
disposent de surcroît d’un cheval de trait.
L’essentiel des terres est cultivé, les forêts actuelles étant récentes et issues de la déprise
agricole. Avant la mise en culture des terres, les terrains sont épierrés, et l’on utilise
les pierres collectées pour la construction de murets et clôtures, cabanes, pailhas (les
soutènements des terrasses). Le surplus est stocké en tas. A proximité des murets de
clôture, on plante des frênes ; qui fournissent un bois de chauffage également apte à
être menuisé. Ils sont aussi un complément alimentaire pour les animaux à l’automne,
et permettent à l’occasion la production d’une boisson, la frênette.
Une part importante des terres semble attribuée à la culture du chanvre. Le chanvre
Auvergnat était réputé, mais très exigeant d’un point de vue nutritif, nécessitant de fait
un apport conséquent d’engrais. Cette particularité explique l’important développement
local des colombiers, la fiente des oiseaux, appelée «colombine», étant très usitée. .
Le chanvre était roui dans la vallée de la Monne, puis pour l’essentiel exporté à la
corderie royale de Rochefort. Une petite partie était toutefois utilisée et transformée
sur place ; ainsi, les hameaux de Pagnat et Vocan semblent ainsi avoir été des villages
de tisserands. Les femmes pratiquaient, en sus de leurs activités quotidiennes, des
activités de passementerie ou de filage de ce chanvre, dont les fruits étaient ensuite
négociés à Saint-Amant Tallende.
L’amélioration des conditions de transport et la baisse des prix d’autres végétaux -
coton, lin - entraînèrent un déclin rapide et prononcé du chanvre au tournant du XX°
siècle.
Le chanvre était immergé durant plusieurs jours dans des bassins routoirs. Cela permettait d’activer le
pourrissement de la plante, la séparation des fibres et de la tige devenant alors plus aisée.
Le chanvre produit une fibre très résistante, qui a été pendant plusieurs siècles utilisée pour faire des
cordes et cordages de navires. La fibre avait d’autres usages, on la retrouvait ainsi dans les vêtements.